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L'ORTF en 1973


Gérard Lochon

En 1973 certains chefs de service de l'ORTF remettaient à leurs équipes un ouvrage, ORTF 73, qui venait d'être publié par la délégation aux relations publiques de l'ORTF. Peut-être l'avez-vous eu en main ? Peut-être vous en êtes- vous débarrassés après la disparition de l'Office ? Ce livre, qui présentait un état des lieux de l'Office de

Radiodiffusion-Télévision Française, avait pour ambition d'être utile non seulement aux professionnels français et étrangers de l'audiovisuel, aux chercheurs, aux historiens, aux étudiants et universitaires, mais aussi à un vaste public et à ce titre il était en vente en librairie, par exemple dans celle du hall d'entrée de la Maison de la radio à Paris.

45 ans après la fin de l'ORTF il nous a paru intéressant de revisiter ces 701 pages préfacées par Arthur Conte et rédigées par un grand nombre de responsables de l'ORTF, comme Jacqueline Baudrier, Jean Cazeneuve, Jean-Louis Guillaud, Michel Péricard, Armand Salacrou…

Depuis 1793 (non pas 1973 !), l'État s'est réservé le monopole de la transmission des signaux à distance; il s'agit alors du télégraphe optique. En 1973 la radio a pénétré dans l'ensemble de la population puisqu'elle est présente dans plus de 90% des foyers, ce qui n'est pas encore le cas pour le petit écran. La 1ère chaine dessert 98% de la population avec 45 émetteurs puissants et plus de 1500 réémetteurs. Le téléspectateur français moyen passe plus de deux heures par jour devant le petit écran. L'Office emploie 15 406 agents permanents et recourt aux services occasionnels de 31 550 acteurs et interprètes.

La radio regroupe France-Inter, France-Culture, France-Musique, Inter-Variétés et les FIP. Elle emploie 1630 collaborateurs dont 541 musiciens et choristes. Elle bénéficie d'une cinquantaine de studios, de 35 voitures de reportage, dispose d'une discothèque de 800 000 enregistrements, d'une phonothèque conservant les bandes magnétiques depuis 20 ans. France-Inter diffuse 24 heures sur 24. France-Musique (diffusion en stéréo) assure 50h de programmes hebdomadaires en 1972. Il est indiqué que cette chaine (2,7 millions d'auditeurs) est "à peu près unique au monde". France Culture a été modernisée le 1er janvier 1973 "sans que le niveau culturel soit abaissé". Inter-Variété se sépare de France- Inter en soirée. FIP, créé en 1971 (il y en a six en 1972), est défini dans ORTF 73 comme "une radio qui permet de faire autre chose". La Discothèque est composée d'un million de disques édités par les firmes commerciales avec 85 000 disques anciens et rares.

La première chaine est encore la seule disponible pour de nombreux Français (récepteurs équipés en 819 lignes seulement, zones d'ombre où les autres chaines ne peuvent être captées). La 2ème chaine, passée à la couleur le 1er octobre 1967, peut être reçue par 96% de la population. Lors de son démarrage, le 31 décembre 1972, la 3ème chaine dessert 26% de la population mais il est prévu qu'elle en touche 50% dès le début de 1974.

L'information constitue l'un des rôles essentiels des stations régionales. Les équipements de la radio- télévision française sont à peu près répartis à 50-50 % entre Paris et la province. Il est assuré que la part de cette dernière est appelée à croitre à l'avenir. A Paris se trouvent sept studios aux Buttes Chaumont, les plus grands que possède l'Office. En 1972, 50% des émis- sions produites par l'ORTF sont conçues et fabriquées par les centres de production régionaux, principalement Lille et Marseille, et à partir de 1973, Lyon.

ORTF 73 nous rappelle quelques émissions de l'époque comme Le Grand Échiquier, Les femmes aussi, Cadet Rousselle, Au théâtre ce soir, Les dossiers de l'écran, Entrez sans frapper, Alain Decaux raconte, le Ciné-Club du dimanche soir. Évoquons aussi les noms de célèbres présentateurs des JT de la 1ère chaine de l'époque : Léon Zitrone, Jean-Pierre Berthet, Bernard Volker, Claude Guillaumin, Patrice Duhamel…

Pour les trois chaines de télévision on note 169 émetteurs et 2106 réémetteurs. La mise en place de centaines de réémetteurs est envisagée afin de diminuer les zones d'ombre. Il peut y avoir des difficultés humaines pour implanter un réémetteur. On lit : "parfois on doit convaincre la commune qui n'admet pas le lieu choisi pour l'implantation du réémetteur. Le maire exige qu'il soit dressé dans un coin d'où personne ne puisse le voir. Il faut alors le persuader que le réémetteur, lui aussi, ne verra rien et que, par conséquent, les habitants ne recevront pas d'images".


La mission de la Direction des Affaires Étrangères et de la Coopération (DAEC) est "d'assurer la présence dans le monde de la

« voix de la France »". Elle a diffusé en 1972 plus de 80 000 heures-antenne d'émissions radio en ondes courtes. Elle s'occupe aussi des échanges de programmes de radio ou télévision avec les organismes étrangers. A cette époque l'ORTF compte 22 bureaux au monde et il est prévu d'en créer un à Pékin.


L'immobilier : "les installations sont parfois trop dispersées ou mal adaptées aux besoins de la production, notamment dans la région parisienne". Depuis 1971 l'Office s'efforce de regrouper les services parisiens dans un petit nombre de centres fonctionnels. Les grands projets du moment : une Tour de la Télévision sur le Front de Seine dans le 15ème arrondissement qui serait "achevée dans les 5 ou 6 années à venir". Et la construction de studios communs au cinéma et à la télévision à Bry sur Marne, ce futur site doit regrouper la formation professionnelle qui est dispersée sur quatre sites, la régie film, des magasins et garages, mais il n'est pas envisagé dans ORTF 73 d'y intégrer les archives.

Le service des études, constitué de 11 laboratoires (40 ingénieurs, 80 techniciens supérieurs, et 140 collaborateurs) travaille entre autres sujets à l'automatisation progressive du réseau de diffusion : régies finales, réseaux hertziens, centres émetteurs. Les émetteurs intercalaires de la

2ème chaine et les émetteurs destinés à la 3ème chaine ont été conçus pour fonctionner sans surveillance permanente. "A la régie finale de la 3ème chaine c'est un ordinateur qui assure le pilotage de la totalité des appareils qui concourent à la composition du programme".

En moyenne une heure de télévision revient à 110 000F (~117 000€) mais il y a des heures à 10 000F (~10 600€) et aussi à un million (~1 065 000€) pour certaines dramatiques. "Les dépenses de l'ORTF sont couvertes par ses ressources propres, sans aucune subvention en provenance du budget de l'État". L'ajustement des tarifs de la redevance et l'augmentation des recettes publicitaires résultent de décisions gouvernementales mais les engagements d'augmentation du budget de l'Office n'ont pas été tenus en 1972. Il y a une redevance radio et une redevance télé. Les cinq centres de redevance sont à Lille, Lyon, Rennes, Strasbourg et Toulouse.


Le lecteur qui le souhaite pourra trouver en cliquant sur le bouton ci-dessous une version plus étoffée de cet article. Il lira le récit partiel d'un dimanche de travail de Léon Zitrone au service des sports et apprendra pourquoi, selon Zitrone, le meilleur moment du dimanche, pour un reporter sportif, c’est… le mardi !

ORTF 73 version longue
Des souvenirs à retrouver sur internet

Une consultation de la page Facebook "Les amis de l’ORTF" permet de trouver beaucoup d’images, des commentaires, des vidéos, par exemple sur les débuts de FIP et sur les speakerines.

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